"Souriez, vous êtes télévisés !"
On voyait ça dans les supermarchés.
Sécurité déguisée, amabilisée,
Pour ainsi dire "Vous êtes surveillés".
C'était ainsi alors.
Il n'y avait pas encore ce scandale
J'ai nommé bien sûr la reconnaissance faciale.
Ce n'est pas encore la Chine
Qui sous ce jour ou ce joug fort me chagrine.
Mais dans le métro, les gares, les villes et les cités,
On peut se rendre compte que ça a bien commencé.
Souriez ! Vous êtes reconnaissable...
Soyez sûrs que nous avons votre dossier complet.
Si vous êtes fiché, c'est à dire condamnable,
Il nous est facile de vous épier, de vous filer.
Pas de problème pour qu'on marche droit,
Il suffit de placer partout des caméras.
Bien mijoté, car c'est nous qui les finançons
Et c'est notre faute à nous, si nous en pâtissons.
Il y en aura bientôt jusque sous les paillassons de nos maisons,
Sous nos lits, dans les toilettes et l'armoire du salon.
Il faudra beaucoup de personnel
Pour nous observer vivre, plutôt survivre,
Sauf si c'est délégué à l'intelligence artificielle.
Big Brother arrive comme c'était prévu dans le livre.
Pensez que vous êtes déjà géolocalisés.
Attendez-vous à être bientôt téléguidés.
Sourions, montrons
Que nous sommes bien des cons, citoyens !
Souriez, vous êtes télévisés !
Souriez, vous êtes télévisés !
Souriez, vous êtes télévisés !
"Toujours
sourire le coeur douloureux,
Et sembler rire du sort malheureux."
Point fort de l'opérette
"Le pays du sourire" de Franz Lehar (1929).