Je me souviens encore de ce petit pêcher,
Véniel et solitaire dans mon jardin d'curé.
Avant les grandes gelées, je m'étais dépéché
De bien sûr l'arroser, de bien le binocher.
Je n'aime pas la chasse, je n'aime pas pêcher,
C'est pas dans ma nasse qu'un poisson va s'noyer.
Mais j'avoue que les mouches, quand elles viennent me tromper,
Je les tape sur la bouche, et je leur mords le nez.
Mon pêcher a grandi dans ce jardin trop p'tit,
Mortel, il étouffait les plantes autour de lui.
J'ai été obligé de me mettre à bêcher
Pour le déraciner, ce capital péché.
Je n'aime pas la coupe, je n'aime pas tronçonner.
C'est donc avec respect que je l'ai emmené.
Mais j'avoue, les moustiques, quand ils veulent me lyncher,
Je leur tape sur la pique, je leur piétine les pieds.
Je me souviens d'avoir déballé mon pêcher,
Dans le confessional par devant le curé.
Mais c'était qu'un mensonge, j'avais même pas péché,
A part un peu tapé, mordu et piétiné.
Je n'aime pas les amendes, les amendes à payer.
Ou pire aller à Fresnes pour une peine à purger.
Car j'avoue que d'y Hêtre gardé par des grenadiers,
J'en sortirais peut-être chenu, un peu plié.
Le péché m'a absous, m'a remis mon curé.
A la place du curé, qui depuis s'est noyé
J'ai planté six troënes parce qu'ils étaient si près.
Olivier, le curé, y est bien enterré.
Je n'ai plus bien la pêche, la pêche du pêcher.
A présent, j'ai les noix, oui, les noix du noyé,
Car j'avoue que ces arbres ne font que nous planter,
Leurs homonymies bêtes nous font tout avaler.
C'est vrai, c'est pas du boulot, quoi !
Merci Annie, pour ces pêches qui m'ont inspiré
cette ma-gni-fique chanson de saillies...
Mais je ne sais pas où je vais pêcher tout ça !