La neige envahit tout, vorace,
Cette blanche hibernation me glace.
Cette poudre aux yeux n'est que future gadoue,
Elle n'a qu'à bien s' tenir chez nous.
Car elle ne tient pas l'heure, pâleur.
Elle fond comme le beurre, douceur.
Sur la campagne tiède, décède.
Elle n'est qu'un intermède, elle cède.
J'aimais mieux la neige d'antan
Lorsqu'elle trépidait sur l'écran
Chaque nuit on la voyait, absent,
Quand les bonshommes dormaient, fondant.
La porteuse s'endormait...
Les speakerines effaçaient
Le sourire qu'elles affichaient
Comédiennes pour l'instant,
Pour qu'on rêve un moment
Tout en promettant du sale temps,
De la blanche neige...
Ou bien du vent.
Cette neige m'absorbait, vraiment.
Ce scintillement sur l'écran.
Je l'appelle ma "neige d'antan"
Sur la télé de Grand-Maman.
La science nous apprend :
C'est le chant des étoiles,
Du grand commencement
Que l'on voit sur cette toile.
N'est-ce pas merveilleux
De voir ainsi les cieux ?
C'est le rayonnement d'antan !
Sur petit écran, c'est géant !
J'évoque
ici évidemment le scintillement que la télé
primitive affichait la nuit, une fois les émetteurs éteints.
Cette neige d'antan serait vraiment selon les
experts
l'écho du mur du big-bang, autrement appelé
"Fond cosmologique" ou encore "Rayonnement fossile".