Il a toussé, a manqué de s'étouffer.
Puis il a pouffé, et de moi il s'est moqué.
Plein de questions, je l'ai bien cuisiné.
Il a eu peur que je veuille le manger.
Je lui ai dit "Te fais pas de soucis,
J'aime les lapins qui courent dans la prairie.
Mais un lapin qui parle, c'est inédit".
Rasséréné, chez moi il est monté.
Je lui ai donné un tabouret,
Une vieille prune par cette belle nuit d'été.
Nous nous sommes tus, assis sur le balcon,
Pleins de respect pour le chant des grillons.
C'était divin avec la prune volatile.
Lapin grisé se montra soudain volubile.
Il me posa une colle énigmatique
Qui chamboula ce calme si romantique.
"Combien faut-il de bouteilles de prune
Lancées de terre pour atteindre la lune ?"
Interloqué, j'ai répondu "Il n'en faut aucune".
Il m'a rétorqué qu'il en fallait au moins une.
"Je voudrais bien rentrer chez moi", a-t-il ajouté.
"J'habite là-haut sur la lune, ma lune bien aimée.
Je chevaucherai ta bouteille ficelé, arrimé.
Lance-moi donc, on va voir si tu sais viser."
J'ai siroté la bouteille afin de la vider.
J'y ai attaché mon lapin qui sait parler,
Et j'ai visé, yeux bandés pour ne pas rater.
Il a fendu les cieux et est très bien arrivé.
Depuis je n'ai plus personne à qui parler,
Mais j'aperçois par les nuits bien dégagées,
Dans ma lunette à télescopique visée,
Une paire d'oreilles dans la Mer de la Sérénité.
Je suis "modestement"
assez satisfait de cette chanson,
musique et paroles.