La Terre, la terre est une palette
Où le grand peintre là-haut
Me trempe comme à l'aveuglette,
Moi, qui ne suis qu'un pinceau.
Il me plonge dans les bleus,
Des mers, des cieux, ses yeux,
Des turquoises, des camaïeux,
Des outremerveilleux.
Il me couvre dans les bois
De jaunes, d'ocres d'automne,
Des couleurs très autochtones,
Comme le sable d'Olonne.
Il me trempe, dans les verts,
Véronèses, menthes, pistaches,
Dans les prés, verts d'anis,
Dans ses panaches de gouache,
Grandiose, à part les fleurs dans les roses,
Languissent des apothéoses,
Des corolles de nuages écloses,
Et des enclumes à six roses.
Il me noye dans les mauves,
Des recoins blancs de fauves
Plus de repères, dans ces chimères,
Que de l'austère comme l'hiver.
Oranges, lorsque l'envie nous démange,
Orpailleur de confits d'anges,
Abricots aux tons étranges,
Soleils couchants qui s'effrangent,
Il me plie sous la pluie,
Dans des gris qui s'enfuient,
Restes de couleurs aigries,
Des mistigris, mélancolie.
La nature a fait le vert, le bleu,
L'homme a fait le rouge, le noir,
Qui donc a fait les jaunes, les mauves ?
Tout le monde les mélange,
Je trouve ça étrange,
Je préfère les clairsemer
Pour plus de pluralité.
Moi, je vote pour la carte
La carte arc-en-ciel
Qu'on brandit comme une pancarte.
C'est notre grand potentiel.
Ô grand pote en ciel !
Ô Grand peintre là-haut,
Le soir fonce en nuitant.
Nettoye bien ton pinceau,
Dans ton grand chiffon blanc.
Chanson au stade d'ébauche. Pas satisfait du tout pour l'instant.