Ecouter
Je suis un âne, je ne suis qu'un âne.
Mais je n'ai rien fait pour qu'on me condamne.
Un petit âne doux, un peu craintif,
Le moindre souffle de vent m'ébouriffe.
En général, on me laisse tranquille.
Mais là on m'a fleuri de cade et de myrtilles.
Et on m'a transporté dans un charriot.
Au lieu de le tirer, on m'a mis en haut.
Et on m'a porté au bord de la falaise
Dans un grand panier, je n'étais pas à l'aise.
Au dessus du grand vide, on m'a descendu.
Je pensais bien sûr à l'aïeul disparu.
Lui on l'a balancé sans aucune pitié
Au fond du précipice où il s'est écrasé.
L'archevêque était là et tout le tralala.
On venait de très loin pour assister à ça.
Une stupide tradition, pour la bénédiction
Du village méritant un sacré sacrifice.
Chaque année cette manifestation
Depuis des siècles était une injustice.
Mais la vie moderne a changé tout ça.
On ne jette plus le bourricot en bas.
Afin de sauvegarder les apparences,
On descend le baudet dans un grand osier,
Et on le remonte après.
Les humains sont bien cinglés,
Très friands de souffrance et avides de sang.
On me remonte maintenant !
Une fanfare m'accueille, avec une ovation.
Vu que je suis un âne, on me donne du son...
Béni !
On se demande qui est catho, qui est l'âne.