Ecouter
Plus loin, un guitariste,
Allongé sur un banc,
Chantait des idées tristes
Sur des airs entraînants.
J'étais à la terrasse.
Les tables étaient pleines.
Les âmes étaient jacasses,
L'ambiance était sereine.
Mon voisin me contait,
Avec joviale faconde,
Les joies qu'il éprouvait
Quand il serrait une ronde.
A la table voisine,
Un ivrogne s'endormait,
Vaincu par la chopine,
L'ayant anesthésié.
Derrière moi, je sentais
Les clients qui passaient
Pour aller renouveler
Leurs cocktails gratinés.
A moments réguliers,
Julien apparaissait
Avec sa caisse à bière,
Pour ramasser les verres.
Mourant sur le muret,
Un aliène ressassait
Les rêves qu'il avait faits,
Jamais réalisés.
Un groupe de belles fées,
Qui ce lieu fréquentaient,
Se levaient pour rentrer,
Sans doute pour se coucher.
Soudain, visage gros plan
Ce fut très surprenant.
Car une de ces fées
Me collait un baiser.
Mes lèvres encore surprises
De cette douce traitrise,
Par ce bref impromptu,
Elle avait disparu...
Cette fée organisait,
Ce qui m'horripilait,
Des stupides safaris
De dingues en méharis.
L'ayant toujours évitée,
J'étais sûr, je croyais
Qu'elle me dédaignait.
Encore deux préjugés !
Cette fée était très belle.
C'était trop irréel.
Mon voisin me saoûlait.
Je ne la revis jamais.