Ecouter
C'est irraisonné, les tripes me font peur.
Ça pourrait même aller jusqu'à une certaine horreur.
Vous tous me direz que je suis dans l'erreur.
Que de bons intestins assurent le bonheur.
Je cherchais un boulot, j'en ai trouvé un.
Pas ce dont je rêvais, et même assez loin.
Avec un scooter, un très bel engin
Pour livrer mes tripes, j'en avais besoin.
Livreur de mes tripes pas loin de Bercy
J'avouerai en douce que c'était mon psy,
Pour mon estomac, qui l'avait conseillé :
Me bider le vide, et ça m'a soulagé.
Je les ai étalées sur la place du marché,
Toutes pleines de mensonges, mais aussi de vérités.
J'ai livré à nu tout mon abdominable.
Les circonvolutions étaient interminables.
Je n'aime pas les tripes, ni les autres ni les miennes.
Que retombe sur moi, du ciel, la géhenne.
Ni à la mode de Caen, ni à la provençale,
Car rien qu'à leur vue, je me trouve mal.
Et je n'y peux rien, c'est congénital,
Déjà à la maison, on ne m'a pas habitué
Aux abats cuisinés, même si ça ne fait pas de mal.
Un relent de bouse y paraît attaché.
Je n'ai plus de tripes, encore moins d'estomac.
J'ai bien tout livré au marché déjà.
On m'a conspué, on m'a vilipendé,
Et même au moral, étripé, éventré.