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Dans les fondrières sur la route meurtrière,
S'accumulent les restes du malheur populaire,
A quelques foulées du vil poste-frontière,
Des douilles témoins d'une sale guéguerre passagère.
Elles rappellent l'histoire des accès de fureur
Des damnés humains qui croyaient défendre l'honneur,
En risquant leur peau pour une médaille posthume,
En laissant derrière eux des ruines et de l'amertume.
Elles et ils s'enfuyaient cachés dans l'omnibus,
Déguisés en étrangers, une bien pauvre astuce,
Pour gagner une terre sûrement pas acceuillante
Mais alors de l'action valait mieux que l'attente
D'être un jour réveillés dans le petit matin
Par une horde glapissante de féroces spadassins,
Pour finir emmenés vers une sordide fin
Suivant de la torture pour avouer trois fois rien.
Ils avaient été trahis, c'est bien humain,
Pour quelque honteux avantage ou un reste de pain,
A la basse milice qui scellait leur destin,
Et sortis de leur pauvre cachette sur le chemin.
On les avait groupés en attendant les ordres.
Quand ils sont arrivés, pas de miséricorde !
Ils n'étaient que des traitres à leur sainte patrie.
On pouvait les abattre, ils étaient trop pourris.
Et toutes les mitrailleuses furent mises en batterie
Sur leurs trépieds à côté des fondrières
pourries
Elles et ils s'écroulèrent en y laissant leurs vies,
Car en temps de guéguerre, c'est toujours le bas prix.
Dans les fondrières sur la route meurtrière,
S'accumulent les restes du malheur populaire,
A quelques foulées du vil poste-frontière,
Cadavres témoins d'une sale guéguerre passagère.