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Quelle pitié de voir cette ferme
Laissée à l'abandon.
Le passé y dort encore
Quêtant notre pardon.
Le lierre et les chardons
Occupent le perron
Et les tuiles s'en vont.
Les carreaux sont cassés.
Les portes défoncées
Personne pour réparer.
A l'intérieur, pas mieux,
Carrément dangereux.
Si c'est pas malheureux.
Pourtant, beaucoup de sans-logis
Sauraient s'en contenter
Et même restaurer.
Quelle pitié de voir ce gosse
Laissé à l'abandon.
Il ne peut être précoce,
Sans barbe ni jupon.
Dans ses yeux malheureux,
Pleins de regards envieux,
Dans son visage morveux,
Il traîne dans la rue,
Sans avenir et sans buts.
Il est souvent pieds nus.
Il promène son ennui.
Ne connaît qu'aujourd'hui,
Qu'adviendra-t-il de lui ?
Pourtant, des parents affligés
Payent cher pour adopter
En pays étrangers.
Quelle pitié de voir ce vieux
Laissé à l'abandon.
Dans son mouroir miséreux
Y perdant sa raison.
Dans son regard hagard,
Et perdant la mémoire,
Il resasse son histoire.
Du temps où il était
Dans sa ferme adorée,
Quand ses enfants blasés
Ont fui vers la cité
Lui laissant leur enfant
Qui devrait être grand.
Pourtant, on lui a enlevé
Quand ils l'ont enfermé
Dans ce maudit foyer.
Quelle pitié de voir si souvent
S'épanouir l'abandon.
No comment.