Ecouter
Aujourd'hui ça va être le grand rassemblement.
Mon frère a invité tous les grands continents.
Cousines et cousins, tous ces apparentés
Qui habitent très loin doivent nous visiter.
Ça n'est pas arrivé depuis soixante années.
Les traditions se perdent, ça ne me fait pas pleurer.
Plus personne ne saura quelles tronches affronter.
Peut-être seront-ils assez dégénérés
?
Cousinade, une sorte d'olympiade.
Cousinade, une belle mascarade.
Mon frère a mis cent tables, loué des chaises, des auvents.
Tout ce grand déploiement attend dans le vieux champ.
Chacun a répété afin d'éxécuter
Un tour ou un exploit, pour mieux nous occuper.
Mon frère sait avaler des bougies allumées.
Un autre doit réciter l'Odyssée en entier.
Si jamais il pleuvait, tous à la grange ruinée,
On ne s'ennuye jamais sur un karaoké.
Cousinade, on échappe à l'Iliade.
Cousinade, tous en vue sur l'estrade.
Parmi eux la plupart ne parleront qu'anglais.
Avec les franchouillards, ils vont bien s'amuser.
Le vin coulera à flot, pas de grands crus classés,
Ils seront tous pétés au pinard bon marché.
Heureusement ce n'est que pour une journée,
Mais s'ils restent à l'hôtel, ils reviendront causer.
Mon frère espère un peu qu'ils aient la bonne idée,
Vu l'état de la grange, de revenir l'aider.
Cousinade, une sorte de croisade.
Cousinade, assez de ces salades.
Sympa, vous penserez, mais moi ça me fait chier.
Aussi vais-je me tirer, pendant un mois entier.
Les frangins, quelle plaie !
Heureusement que je n'en ai pas.