Ecouter
On dit, on dit, on dit que je fais du bruit
Quand je tonds le dimanche mon gazon.
C'est faux, c'est faux, c'est faux.
Je me sers de bons ciseaux bien huilés
Qui savent sans bruit net découper.
Pas de tractotonte autoportée
Au raffut qui pourrait déranger.
Je m'efforce d'être plus humain,
A genoux et la loupe à la main.
Je guette le brin rebelle qui dépasse
Et qui d'un coup sec bientôt trépasse.
On dit, on dit, on dit que je suis le bourreau
De la folle graminée qui croît trop.
C'est vrai, c'est vrai, c'est vrai.
Je ne la ramasse pas, je la laisse
Jaunir où elle tombe dans sa détresse.
Mais elle servira à celle qui reste.
De la nourriture vraiment digeste
Plutôt que l'engrais du commerçant
Qui puerait et donc inconvenant.
Ce brin sera utile dans sa mort
Et mon herbe fera un beau décor.
On dit, on dit, on dit que je tonds à l'anglaise.
Je préfère voir ça comme une ascèse.
Peut-être, peut-être, peut-être.
Sachez que mon herbe est du chiendent,
Voyez-vous, pas du gazon courant.
Mais qui notera la différence,
Aperçue d'avion ou à distance ?
Car pour moi, c'est du vert agréable
Aux plantes de mes pieds, délectable.
Et je continuerai donc ainsi
A cisailler mon gazon bandit.
Encore une chanson à ne pas croire, bien sûr.