Ecouter
J'avais écrit une élégie,
Une longue complainte attendrie
Toute pleine de mélancolie.
Pour guérir mon entrain enfui.
Une de ces stances nées sans esprit.
Pour noircir les traces de l'oubli.
Afin de sourire de ma vie
Perdue dans les brumes de l'envie.
C'était ma première élégie,
Maladroite de mots de dépit.
Sans doute la dernière aussi,
Inutile comme toute poésie.
Elle gisait pâle sur mon lit,
Un piètre petit manuscrit.
Rédigé en vain dans la nuit
Je la relisais, déconfit.
Et puis je me suis ressaisi.
J'avais certainement trop gémi.
Pas très doué pour pousser des cris.
A quoi bon pleurer, quel ennui !
Dès lors pâtissant d'élégie,
Mon chagrin était lamentable.
J'ai donc brûlé mon élégie.
Elle n'était pas renouvelable.
Ni élégique, ni élégiaque.