Ecouter
Toutes mes années d'enfance
Et même plus tard d'ado
M'ont vu traverser cette gare,
Ma vieille gare de Saint-Lago.
C'était son petit nom,
A la gare Saint-Lazare.
De six ans à dix-huit ans,
Chaque jour, j'y suis passé,
D'abord au Cours Hattemer-Prignet,
Puis au petit Condorcet,
Ensuite rue du Havre
Jusqu'au bac, au grand Condorcet.
Dans la galerie des Marchands,
J'étais un bon chaland,
Avant mon train, en attendant.
Farces et attrapes, Cinevog,
Discobole, livres de poche,
Bref, je léchais les vitrines.
La salle des pas perdus là-haut,
Je ne l'appréciais pas trop,
Mais la vieille consigne rétro,
C'était le style Saint-Lago.
Déambulant des heures,
Elle aguichait mon coeur.
Je m'engouffrais dans son métro.
Je connaissais tous les couloirs,
Même ceux que les gens normaux
N'avaient jamais pu voir,
Allant même sous les voies,
Car fils de cheminots.
Je visitais la galerie d'art,
J'aimais bien ses tableaux.
J'y ai même exposé
Ma première toile, grâce à mon père
Qui m'avait prêté ses pinceaux,
Et j'en étais fier.
J'allais à la bibliothèque.
Lire, emprunter, c'était impec.
C'est là que j'ai découvert
Des horizons qui m'ont ouvert.
Et à la nouvelle discothèque,
Bien des musiques me restèrent.
Lorsque je vois des photos d'elle,
Qu'elle soient d'époque ou bien actuelles,
Je retrouve dans mon cerveau
Ce que m'a légué Saint-Lago.
Photo prémonitoire, car je ne passais pas encore
dans Saint-Lago tous les jours, mais on peut la voir
en fond, en face de la rue du Havre.
J'ignorais que je passerais cinq ans danns
le grand Condorcet dont on voit la façade à droite.
Je devais avoir trois ans, encore unisexué...