Ecouter
Pour occuper ma fausse retraite,
Que je n'estime pas méritée,
(Car j'ai toujours cru pouvoir y échapper)
Et me forcer à ne pas perdre la tête.
En ce moment, j'ai deux occupations :
Noyer des punaises diaboliques
Et concocter de pauvres chansons,
Drôles ou déjantées ou pamphlétiques.
Si j'écris une chanson par jour,
C'est par dizaines que je noye les punaises,
Ça n'aide pas la composition
Quand je suis dans les bémols et les dièzes.
La retraite est l'âge des inutiles
Obsédés par leur survie même si elle est futile.
Je n'evoque pas la bien maigre pension
Qu'on me verse chaque mois, ça sent la dérision.
Je parle de cette aberration
Considérée normale, pourtant sujette à contestation.
Trimer sa vie entière pour des jetons
Qu'on récupère plus tard lorsqu'on est fini pour de bon.
Pourquoi s'accrocher à une existence terne
A consommer du petit luxe en bien avalant les balivernes
Visant à faire peur pour nous contrôler ?
On est en plein dans "travail, famille, patrie",
Même si cette dernière a heureusement faibli.
Vacances en congés payés, boulot, retraite
Nous sommes en esclavage, gueulant, soumis.
Combien de fois ai-je entendu
Des gens qui avaient soutenu
Les manifs contre le rallongement
Dire : "J'aurai vingt Euros de plus si je rallonge de deux ans !
La retraite aux beaux flancs.
Rythme à neuf temps.