Ma vie fut une merveille,
Je la reprendrais pareille
Si je pouvais la refaire,
Ce à quoi je ne crois guère.
Mais l'âge et la stupidité
Du monde et de son argent
Ont pour moi maintenant gâté
Le charme de l'instant présent.
Pourquoi devrais-je m'accrocher
Au rite du "bien-penser",
De la sainte moralité
M'enjoignant de subsister ?
Car je ne fais que durer.
Toute cette belle société
Nous maintient en bonne santé
Sans même nous demander.
J'estime mon amertume
Qui n'est pas encore posthume
Comme tout à fait normale.
Ne dénigrez pas mon mal.
Je voudrais pouvoir aller
A la centrale au comptoir,
Puis emmené en peignoir,
Placé dans un lit douillet
Devant une image au choix,
De comme c'était autrefois.
Piqué par une seringue,
Partir vers le néant dingue.
Qu'on transforme ma dépouille
En tablettes pour les affamés,
Tant de pauvres opprimés
Qui ne l'ont pas mérité.
Ce soleil vert nourissant
Serait comme une renaissance,
Pour huiler la roue du vivant.
Il paraîtrait une bienfaisance.
Car je me sens inutile.
J'ai profité en élu.
Je voudrais bien redonner
Par ma fin ce que j'ai eu.
Mes amis feraient la foire
D'un enterrement sans corps
Et de leur folle fanfare
Honoreraient la belle mort.
Référence
à l'excellent film, "Soleil vert" évidemment.
Comme par hasard, l'action se situe en 2022.
L'air de la fanfare est celui que je me remémore
note pour note d'un enterrement à New-Delhi en 1973.
Je sais que cette chanson va à l'encontre des éthiques en
vigueur,
tant sur le droit à disposer de sa vie, comme le prétendu
anthropophagisme évoqué dans le film (qu'évidemment
je recommande vivement)...