Moi, Jac, moi Jac du Roméjac,
Jac du fleuve Roméjac qui déferle à Barjac,
Du temps de l'âge de raison,
Lorsque j'étais garçon, et donc un peu couillon,
Moi, gosse, sensible comme une bosse,
Fus jaculateur précoce, puis beaucoup moins précoce...
Le temps qui nous fait décrépir
Nous change en peine-à-juir, nous voit presque tarir.
Ma jaculation jadis jubilatoire
Est à présent presque illusoire.
Le flux devenant des plus aléatoires
Réduit la longueur de sa trajectoire.
Loin d'être déjà sénile,
Si j'étais moins puéril
D'écrire des chansons futiles !
Je voudrais devenir plus utile,
Evoquer des sujets bien plus zintéressants,
Qui vous passioneront certainement
Comme ma jaculation et son évolution.
Mes débuts furent nocturnes plus que diurnes,
Involontaires rêves érotiques dans ma thurne.
Croyant que je me paluchais,
Ma mère me réprimandait : "Tes pyjamas sont amidonnés".
(Pas les mots dont elle usait !).
Car aucun humour dans ses reproches
Mais je ne pris pas de taloche.
Pourtant, je sentais à mi-mots assez confusément
La sombre accusation.
Et moi, totalement incapable de la moindre intention,
Et sans compréhension,
C'est en rêvant angéliquement sans manipulation
Qu'en dormant je placardais.
Ce n'est que des années après
Que je fis connaissance avec Madame Poignet.
Longtemps je me rassasiai
De branlettes séchées,
Je m'arrêtais trop tôt.
En effet c'est beaucoup plus tard
Qu'arriva par hasard une jaculation.
Je n'avais pas fait la relation.
Voyez comme j'étais plutôt con.
Plus tard, mes jets furent concrets.
Ni record ni succès. mais c'était de beaux jets.
L'âge venant, ils devinrent insignifiants,
Doucement se raréfiant, mais toujours existants.
Pensez, la nature est bien faite,
Moins de risque d'engendrer
Avec cette ridicule jaculée.
Faut d'abord être honnête.
Oyez, la libido s'enfuit,
Le volume du sperme aussi.
Ainsi, ni chaud ni froid, les gars.
La vie est faite comme ça.
Vous l'éprouverez un jour
Ça file comme l'amour.
Je n'ai aucune honte
A ne plus jaculer mon compte.
Ce n'est qu'un souvenir,
Ni regrets ni soupirs.
J'ai vécu une belle vie,
C'est normal qu'elle soit tarie.
L'élan
pour écrire ça était une "vraie" jaculation.
Le sens ici n'est bien sûr qu'à prendre avec le préfixe
"é".