Bien que n'ayant pas procréé selon les normes,
Le total de mes enfants est pourtant énorme.
J'ai mis un certain temps à m'y mettre
Sans rien savoir, espérer ni promettre.
C'est dans la trentaine que je forçai ma veine
A bander, gicler enfin mes premiers gènes.
Mais pas sous la forme que vous pensez,
C'est des crayons, des pinceaux que ça suintait.
Après quelques ventes de mes tableaux,
Je m'aperçus qu'ils étaient de fait bien mes marmots.
Ils partaient dans un autre univers.
Je les perdais, disparaissant pour ma vie entière.
Bien sûr de temps en temps, je repassais leurs photos,
Ou je les retrouvais parfois vraiment in vivo
Sur leur nouveau mur, accrochés,
Si leurs parents adoptifs m'invitaient.
Et je n'ai plus peint, mais plus tard quand je fus mûr,
Alors j'engendrai un autre genre de moûtures.
Je me mis à pondre des chansons
Avec des rimes et souvent sans raison.
Ces enfants jaillissant à longueur de journée,
Pour les bien élever, je les corrigeais,
Bien sûr gentiment, je les peaufinais,
Et petit à petit, ils grandissaient.
Oui, tous mes tableaux et mes dessins, mes chansonnettes
Sont mes enfants, je les trouve très chouettes.
Soyez certains que je les observe, je les écoute,
Je suis tout de même plein de doutes.
Certains sont réussis, ils ont une chance pour leur vie.
Ils sont peu nombreux et donc je les chéris.
Et la majorité sont bien ratés,
Mais j'aime tous mes enfants, même mal formés.
Total
énorme (entre graphisme et musique) = à peu près mille.