Ce n'est pas une plaie,
Je n'ai qu'une bosse.
Une bosse à reluire
Mes jeunes ronds de cuir
Une bosse neuve,
Mascaret de fleuve
Elle ne s'est pas usée
Au cours des années.
Elle remonte le fil du temps
Jusqu'à la source de mes dix ans.
Sa lente vague m'a capturé
Grâce à ses notes et ses couplets.
Elle arrivait tout droit
D'Ipanema.
Par la bouche de ma radio,
Quand j'étais minot.
Elle m'est apparue
Fraîche et presque nue
Dans un souffle ardent
De désir déçu
Car elle nous aguichait en nous ignorant.
Elle roucoulait tandis qu'elle roulait,
Elle m'enrobait, elle se déroulait
Insidieuse, en accords épatants
En m'habituant à eux sur un rythme envoûtant.
Elle a acquis un bel allant.
Elle a franchi les océans.
Elle a troublé mon coeur d'enfant,
Le dérythmant, le syncopant.
Ses grands poëtes brésiliens
Ont influencé mon destin,
M'ont fait connaître leurs refrains
Et ont enrichi mes quatrains.
C'était cette bosse neuve,
Glissant sur mon fleuve
Je me suis prêté,
A me laisser porter.
Toujours elle me drague
Cette nouvelle vague
Qui a tôt déferlé
Sur mes jeunes années.
Aimant
pratiquement toutes les musqiues riches,
je ne pouvais qu'être amoureux de la bossa nova!