Cette petite mie d'un beau brun,
Comme beaucoup de ses autres soeurs,
A soudain chu de mon pain,
Quand a voulu sonner son heure.
Elle n'était pas encore franche,
Avant que je prenne mon couteau,
Et ne découpe une tranche,
Et qu'elle devienne un élément nouveau.
Elle a de suite plu à une mouche
Qui l'a prise pour un gastrodrôme,
Et qui est venue y poser sa bouche
Afin d'en apprécier l'arôme.
Quand la mouche fut partie
Pas sans l'aide, bien sûr, de ma main,
Je vis le débris ressemblant comme deux miettes d'eau
A la tête d'un dauphin.
J'eus l'idée à l'aide de ses miettes amies
D'en compléter le dessin.
J'ai cherché les morceaux voisins
Pour reconstituer l'animal marin.
Long puzzle qui dura tout le matin.
Des miettes de tons distincts
Sont tâche aisée pour colorier un poisson
Mais plus difficile pour un dauphin.
Il évoquait plus un gardon.
Un martin-pêcheur qui passait
L'avala presque d'un trait.
C'est ainsi que je pus continuer
Enfin mon petit déjeûner.
La morale pour la fin,
La miette est belle inspiration,
Quand on sèche sur le lutrin,
Pour écrire une chanson.
Vraiment
une chansonnette sortie de rien !