Passer la ligne, en voiles blanches comme une croisière,
De goélette digne de vouloir changer d'hémisphère,
Trouver une nouvelle atmosphère,
En évitant le pot-au-noir, et peut-être tomber sur le pot-aux-roses.
Qu'on avait ignoré comme tant d'autres choses.
Oui, le pot-aux roses !
Passer la ligne, c'est laisser de côté
Ses habitudes et ses certitudes,
Soudain oser ce qu'on avait jamais tenté,
Passer la ligne, c'est quitter sa rectitude.
Passer la ligne, c'est transgresser ce qu'on avait toujours refusé.
Passer la ligne, c'est changer de sentier.
Quitter celui duquel on est coutumier.
Aller à l'aventure au pays des boutures,
En revenir plus riche avec fière allure.
Nous avons chacun nos morales et nos lois,
Mais c'est bénéfique de les outrepasser parfois,
Passer la ligne en mesurant cet innovant frisson
Qui nous assaille et remplit d'émotion.
Vaincre l'appréhension avec pour seule prétention
D'apprendre à brider sa raison,
Pour élargir l'horizon de notre ouie, de notre vision,
Et de toutes nos perceptions.
Pousser un peu la barrière afin de voir ce qu'il y a derrière.
Ouvrir plus grand les paupières,
Croiser la nouveauté et y naviguer comme sur un lac,
Pour y planter son bivouac.
Avoir passé la ligne, avoir appris de nouveaux signes,
Un grand applaudissement pour notre raisonnement.
Avoir compris qu'il n'y avait pas de raison
D'avoir auparavant eu tant d'appréhension,
D'être resté tellement longtemps auprès des côtes.
Belle goélette est faite en fait pour naviguer,
Pour passer la ligne.
Brassens
avait chanté "Il suffit de passer le pont".
C'est dans la même direction, sauf le génie de Georges..
Pot-au-noir : désigne selon certains un calme plat,
où l'on n'avance pas, faute de vent mais pour d'autres,
une farouche tempête localisée sur l'équateur.
L'un ou l'autre, c'est la merde...