Dans la banlieue tranquille,
Les passants d'Saltrouville
N'ont d'yeux que pour leurs pieds
Infiniment stressés.
Ils rentrent de l'usine
De manière chagrine.
Leurs yeux ont mauvaise mine,
En quête de caféine.
Ou alors du bureau,
De leur bête boulot.
Leurs yeux ont le bobo
Du sale air du métro.
Ils ne rêvent même plus
A une vie plus cossue.
Leurs yeux ne sourient plus.
L'humour, ils l'ont perdu.
Les nés à la campagne,
Venus là pour la gagne,
Leurs yeux se sont éteints
Sur leur raté destin.
Ils foncent à l'aveuglette
Presque comme en cachette.
Leurs yeux en fait sont peints
Sur leurs paupières en vain.
Ils rentrent en leurs foyers
Pour dîner de télé,
Leurs yeux voient tout carré
Les fausses actualités.
Ils sont des morts vivants
Même pas émouvants.
Leurs yeux, de l'outre-tombe,
Nous parlent d'hécatombes.
Dans la banlieue tranquille,
Les passants d'Sale trou ville
N'ont d'yeux que pour leurs pieds
Infiniment pressés.
Quand
j'étais à Sale trou,
je voyais les gens dans la rue rentrer le soir.