A cinq ans, j'ai eu un train électrique,
Après en avoir eu un mécanique.
Pour les cadeaux que me faisait ma famille,
Jamais ils ne m'offraient de frivoles broutilles.
A Noël, Pâques ou fêtes d'anniversaire,
Tout était obligatoirement ferroviaire.
Des rails, des aiguillages,
Des gares et des hangars de triage,
Des locos, des motrices, des voitures, des wagons,
Des maisons et des ponts.
Mon pater et mon oncle ont décidé
Certainement bien contre ma volonté
De monter tout ça sur un plateau,
Afin de pouvoir automatiser le réseau.
Une console de commandes avec des boutons,
Des transfos, des relais et des sous-stations.
Dommage car ce projet ne fut jamais terminé, branché.
Les années ont passé. Le réseau n'a jamais finalement
fonctionné.
Des montagnes,des tunnels,
Des avenues, des gens et une chapelle.
Ça prenait le tiers du séjour,
Et ma mère résignée n'était pas non plus pour.
Tout était alors vissé et collé,
Et je n'avais plus envie de jouer,
Car ce qui m'amusait
C'était de démonter, remonter de nouveaux tracés.
C'est resté ainsi un bon nombre d'années
Et je m'en suis en bloc désintéressé.
Et quand j'ai eu dix huit ans, ils l'ont démonté.
Vous pensez bien comme ma mère était soulagée.
A la place de ce panneau à réseau,
Moi j'avais bien réclamé un piano.
Ils avaient refusé,
Je devais étudier, pas jouer et me disperser.
Et je me suis tiré
Afin de vivre comme je voulais.
Devinez, pas sorcier, trois mois après,
Un piano et mon père apprenait.
Tout
ça est absolument autant tique...
Sauf les "frivoles broutilles", car ils m'en offraient aussi.
Fils unique, j'étais matériellement très gâté.
Mais la musique était mineure pour eux, sauf à la fin
lorsque je suis parti, et que mon père s'est mis en tête
d'apprendre le piano à soixante ans :
il n'y est jamais parvenu... Le séjour était maudit !