Dans l'air orange d'un beau soir d'été,
Tel un milan perçant l'infinité,
Planant, léger en l'immensité,
Ma pensée vole au sein de la beauté.
Sur les Cévennes, souveraines !
Dans le couchant, se découpent les sommets,
Tous nus de pierre ou de sapins boisés,
Le Serre de Barre, Rouvergue et Mortissou,
Au loin, domine le Mont Lozère diapré, diapré...
La brise me guide droit vers le Ventalon.
Béni soit donc ce léger aquilon.
L'Ardèche, le Luech, je vois même les gardons,
Tous ces fils d'eau qui scintillent au fond.
Nouvelle monture, vautour à grande envergure,
Mon vol acquiert maintenant fière allure,
Je peux glisser plus loin plus haut dans l'azur.
Mon aventure donne dans la démesure.
Cévennes marraines...
Je plane, Saumane, vallées "Borgne" et "Française",
Cap sud, prélude, m'éloignant de la Cèze,
Défilent sous moi les reliefs vallonnés,
Au loin, reflet de la Méditerranée.
J'arrive enfin au colossal Aigoual,
D'où j'aperçois les ors du Causse Méjean.
S'assombrissant au crépuscule estival,
Même le Plomb du Cantal s'étale au loin.
Cévennes rebelles...
Où que je vise, mon âme est contentée
J'aperçois bien devant les Pyrénées
Les monts Lacaune, l'Espinouse bistrés.
La Montagne noire émerge de son brouillard.
Le jour s'éteint, je rebrousse chemin
Sûr, je pourrais suivre ainsi le destin.
Je rentre, crochet par le beau Mont-Bouquet,
Cet isolé, sûrement mon préféré.
Cévenne scindée...
Repu, grisé, je reviens chez moi,
D'où les Cévennes s'endorment sur mon émoi.
Le noir a pris le massif dans ses plis.
Jusqu'à demain, il sera dans la nuit.
Les Cévennes sereines...
J'aimerais tellement faire ce vol !