J'ai appris à faire du feu,
C'est même ce que je fais de mieux.
Disposer les rondins,
Les tisonner un brin,
Pour aiguiser ma flamme,
Pour y plonger mon âme,
Pour la contemplation
Et la méditation.
J'ai appris à faire la vaisselle.
Alors que j'étais enfant,
Je m'éloignais d'elle,
La laissant à mes parents.
A présent, c'est une ascèse.
En frottant les fonds de poële,
Je trouve les plus beaux rêves,
Des pensées profondes au poil.
J'ai appris à la faire la cour,
J'étais timide un peu lourd,
Mais je n'ai pas appris l'amour.
Je n'ai pas suivi de cours.
J'ai guéri ma poltronnerie
En gommant ma modestie.
Je suis beaucoup plus à l'aise,
Il fallait que j'me déniaise.
J'ai appris à voir la mort,
Tout au bout du corridor.
Je ne suis pas un matamore,
Mais serein déjà et d'ores.
Mais j'ai désappris l'amour.
Que sais-je ?