Le privilège de la reine,
C'est d'être libre quand le roi court,
Après la gueuse, les châteaux et la guerre,
De montrer tous ses atours,
Aux courtisans qui lui font la cour.
Le privilège du ca-valet,
C'est d'être le chevalet
Du canevas que peint la destinée
De ceux qui osent l'exploiter,
Mais de pouvoir louvoyer.
Le privilège du trouba-tour,
C'est d'être admis à la cour.
C'est le pouvoir qu'il a d'imaginer,
Improviser, dénoncer
A mots couverts, les excès,
Parler pour les opprimés,
Défendre leurs libertés,
Chanter sans être inquiété,
Imprimer dans les esprits des idées
Sur un air facile à retrouver.
Le privilège du pion,
C'est d'être chair à canon.
D'avancer coup par coup tout doux à pied
Et de se faire bouffer,
Pour les arrières protéger.
Mais s'il parvient à traverser
Le champ quadrillé et miné,
Il pourra être échangé, sublimé
En reine privilégiée,
Et du roi être favorisé.
Cette chanson n'est pas pour moi un échec.