Ce sont des gens qui marchent
Qui piétinent sans relâche.
Ils partent chaque matin
Pour jouer le rôle de leur destin.
Pendant que moi, sur ma terrasse,
Loin de la foule qui m'escagasse,
Alors moi, ça me harasse,
J'préfère encore faire du sur place.
Ce sont des gens qui passent
Derrière ceux qui les dépassent,
Ils croient en leurs devins,
Bien qu'ils ne leur promettent rien.
Pendant que moi, sur ma poubelle,
Je sens que la vie peut être belle,
Alors moi, pas b'soin d'oseille,
Êtr' comme Alice, ça m'émerveille.
Ce sont des gens qui marchent
Dans les blagues et dans les tabacs,
Ils perdent tout, sont pas malins,
Faudrait pas qu'ils se prennent en main.
Pendant que moi, sans scopitone,
Moi je barbote dans mes hormones,
Alors moi, anneau par anneau,
J'explore chaque recoin d'mon cerveau.
Ce sont des gens qui passent
A fond dans les impasses,
Le pouvoir est entre leurs mains,
Heureusement, ils n'en savent rien.
Pendant que moi, dans mon missel,
Je vois la haine universelle
Que nos tyrans induisent
Pour que nous, on les divinise.
Ce sont des gens qui marchent
Dans n'importe quelle combine
Qui jamais ne se déplacent
Sans leur balles et leur carabine.
Pendant que moi, végétarien,
Je compte passer les moutons
Les vauriens, les galériens,
Ensemble, ils font un beau p'loton.
(Des éxécutants, quoi)
Ce sont des gens qui marchent
Pour aller faire la guerre
Pieds nus gelés dans la pierraille
Qui finiront pâté d'mitraille.
Pendant que moi, sans uniforme,
Qui crois moins aux fonds qu'à la réforme,
Je rirais presque si demain,
Je marchais avec ces crétins.
Les gens qui marchent, c'est toi et moi.
Il y a plusieurs façons de marcher. Volontairement ou sous la menace.
Au sens figuré ou en reculant. Même les objets marchent.
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