Tout le monde l'appelait Garetta.
Pas besoin d'un Beretta,
C'est le méchant Tubar-Tabac
Qui lui a réglé son cas,
En lui tirant des valdas
Dans ses pauvres pulmonas.
La garette au coin des lèvres,
Bien goudronné de la plèvre,
Il avait une pauvre guimbarde
Qui puait la vieille bouffarde.
Il y crâmait sa fumette
Sans avoir mal à la tête.
Il n'avait pas de briquet,
Le matin, il allumait
La première de la journée
A la flamme de son café,
Et toutes les autres suivaient,
Une à une carbonisées.
Elles formaient une longue mèche
Qui ne laissaient aucune brèche
Dans sa seule occupation,
Rouler à la perfection
La suivante qu'il brancherait
Au mégot qu'il mâchouillait.
Tout le monde l'appelait Garetta.
Pas besoin d'une navaja,
C'est le méchant Tubar-Tabac
Qui a fait sa vendetta
En décochant des coups bas
Dans ses pauvres pulmonas.
Il gardait les yeux plissés
Car la fumée y montait
Il toussait, glairait, crachait,
Dans des vieux mouchoirs souillés.
Ça le faisait toujours poiler
De voir les gens écurés.
Il avait acheté un stock
De papier-maïs en blocs
D'avant-guerre sur un marché,
Y'en avait pour des années.
Il préparait son tabac
En hachant des havannas.
Il fut donc incinéré
Comme il l'avait demandé,
Avec toutes les provisions
De tabac de sa maison.
Il voulait une combustion
Qui immortalise sa passion.
Tout le monde l'appelait Garetta.
Pas besoin d'un bazooka,
C'est le méchant Tubar-Tabac
Qui l'a conduit au trépas,
En lui tirant des valdas
Dans ses pauvres pulmonas.
Il a roulé un géant
Qu'il a allumé avant,
Juste au tout dernier moment,
Du mégot incandescent
Qu'il avala en partant,
Pour s'éteindre en digérant.
Le grand mégot a brûlé
Sans jamais discontinuer
Durant quatre jours entiers.
Il a servi à lancer
Le feu au mortuaire bûcher
Qui l'a enfin consumé.
Con, su, mais ne vaut-il mieux pas
brûler sa vie ainsi Garetta,
Qu'être éteint bien avant la fin ?
C'était à une des époques où j'ai arrêté de fumer.