Déjà un embryon, je me sentais enfermé,
Comment étais-je entré dans ce nid trop douillet !
Mes envies d'évasion se sont accumulées,
Et un jour de juillet, je me suis dérobé.
Ma mère a jugé bon de vite me rattraper,
Et pour me protéger, m'a passé le harnais.
Avec abnégation, m'ai fait une geôle dorée,
Où pendant des années, je me suis habitué
A être sous tension, paré à exploser,
Pour enfin me lancer, sans par trop déraper.
Trois fois l'âge de raison, libre de ne pas voter
Et pas s'ankyloser dans un foutu métier.
L'année chair à canon peut alors commencer,
Le passage à l'armée, y'a des ailes à rogner.
Même si j'étais pas con, on va bien se charger
De fermer mon caquet, de me lobatomiser.
J'ai connu la prison sans jamais y rentrer,
Les autres s'en sont chargés, et encore pire après,
Car tout seul dans une maison en y vivant cloitré,
Plus personne à aimer, ni même à détester.
On y perd la raison, on va se faire enfermer,
Plus d'asile d'aliénés, juste médicamenté.
Je suis vieux pour de bon, les ans me courent après,
Placé dans un foyer aux portes verrouillées.
Dernière libération, mon âme va s'envoler,
Mais mon corps emboité restera enterré.
Ultime condamnation, je ne pourrai pas germer
En belles fleurs bigarrées
Que quand ma dernière boîte se sera décomposée.
Toutes ces punitions qui font la destinée,
J'ai dû les ignorer et avancer masqué.
Par l'optimisation qu'on m'avait inculquée,
Que je fus obligé de perpétuer contre mon gré.
Bon gré, mal gré, c'est ça le progrès.
Bon gré, mal gré, ou bien le con gré.
No comment.