Nous nous sommes rencontrés,
Vite, on s'est tutoyés,
Puis on s'est embrassés,
Très longtemps caressés,
On s'est déshabillés,
Et l'on allait s'aimer.
Mais j'ai tout arrêté
Et déçu notre élan
En te disant doucement,
"On n'est pas protégés,
On n'va pas faire ça sans,
Attends, on a le temps".
Plus tard, tu m'as lancé
Dans un sourire crispé :
"C'est la première fois
Qu'on ose me faire ça".
Malheureusement aussi,
Moi, je t'aurais bien dit :
"C'est pas la première fois
Que ça se passe comme ça".
Ça m'étonne toujours
Après autant de drames,
Et autant de campagnes
Que puissent faire l'amour
Des hommes et des femmes
Ainsi le premier jour.
Et je ne comprends pas,
Car si l'acte d'amour
Est un vrai don de soi,
Au contraire, moi je crois
Qu'c'est un bien mauvais tour
D'risquer sa vie comme ça.
Si c'est la première fois,
Qu'on te fait ce coup-là,
C'est peut-être que souvent,
Tu joues avec Satan...
C'est pas intelligent,
On peut faire autrement,
Prendre des précautions,
Ce, sans malédiction.
Vrai, c'est pas poétique
Dans ce moment critique
D'évoquer l'hépatite,
Bien sûr, ça ne se fait pas,
Si près du Nirvāna
D'invoquer le sida.
C'est un p'tit sacrifice
De se priver d'un plaisir
Pour épargner des vies
De sales agonies,
Pour longtemps encore jouir
De tendresses à venir.
Tu ne sais rien de moi,
Je ne sais rien de toi,
Je ne suis pas sûr de moi,
C'est p'têt pareil pour toi.
C'est une roulette russe,
Si on aime jouer à ça,
C'est pas pour ça qu'en plus,
On doive partager ça.
Ça fait vingt ans déjà
Que des gens comme toi
Terminent chaque jour
Leur vie dans la souffrance
Et dans l'indifférence,
Pour même pas de l'amour.
Nous vivons des années
Où nous sommes condamnés
A devoir nous protéger
Pour pas mourir d'aimer.
Un jour on pourra à nouveau
Faire l'amour tout de go.
Il n'est pas romantique
A l'instant héroïque
De taire sa libido
Pour mettre ce chapeau.
Personne n'aime le latex
Au lieu d'un tendre sexe,
Tous on préfère la peau,
Oui, mais elle peut nous faire la peau...
Alors une autre fois,
On recommencera
Sauf que cette fois-là,
On aura ce qu'il faut,
Même si c'est bien moins beau,
Ce sera paquet-cadeau.
Et si le temps nous dure,
Et qu'un jour on soit sûrs
Que nos deux corps sont purs
De toutes ces salissures,
Nous pourrons sans mesure
Jouir sans couverture.
Comme
le titre l'indique, cette chanson a été vécue par moi.
J'étais tellement choqué que j'ai tenu à en faire un
message,
dédié aux nombreux insouciants et insouciantes qui ont fait
ou qui font encore avancer les pestes.
J'aurais bien aimé que cette chanson soit largement diffusée,
mais je n'ai pas fait de pub, alors elle est restée
dans ce tiroir...qui est cependant ouvert ici.