Soi un pedescau !
L'hiver en espadrilles,
L'été déspadrillé,
Je fortifie mes chevilles,
Ça me donne la santé.
Je ne crains pas les aiguilles,
Je foule tous les rochers,
La mousse est fort gentille,
Même le bitume est douillet.
Je suis un va-nu-pieds.
Mes pieds sont des musées.
Pleins d'épines et de clous,
De bris de verre, bref de tout.
Partout mes petons foulent
Des sols diversifiés.
Je n'récolte pas d'ampoules,
J'n'ai pas les pieds cornés.
On croit que j'suis maboule
A la ville, en forêt.
Bien sûr, mes pieds sont sales,
Je dois souvent les laver.
Si j'avais des godasses,
Pensez aux pauvres limaces.
Grâce à ma plante, je les sens,
Ainsi je les sauve à temps.
Je suis un va-nu-pieds,
Mes harpions sont des musées.
Pleins d'éclats, de piquants,
Enfin du tout-venant.
Même si jamais un jour,
La loi le permettait,
Je s'rais va-nu tout court,
Et ça, ce serait le pied....nu.
Ceux qui ont essayé
Ne peuvent plus s'en passer.
Toi qui passes sans me voir,
Sans me donner l'espoir
De quitter tes godasses,
Je préfère ma crasse,
Amassée au trottoir
Ou bien sur les sentiers.
Mais au fond de tes souliers,
Dans le sud, en plein été,
Ça doit caraméliser,
Si ce n'est camembériser.
Pouah, la bromidrose !
Toutes ces chansons étant répertoriées
en tant que "Chansons à ne pas croire",
mais celle-ci, vous pouvez la croire :
Je suis un va-nu-pieds depuis quarante ans.
Vous êtes un véritable "pedescau" !
Un vieux pêcheur admiratif du Grau-du-Roi
me félicitait ainsi en m'expliquant ensuite
que les anciens pêcheurs du Grau
allaient toujours pieds nus.