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Punaises
puantes
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MON ASTRONOMIE
Les "Merveilles de la nature".
Une encyclopédie par l'image pour les enfants dans les années
50. Ma grand-mère, qui m'a tant appris, me l'avait offerte quand
j'avais cinq ans. C'était très bien fait sur tous les sujets
de la nature et je passais des heures à sa lecture. Mais le dernier
chapitre, c'était l'astronomie. Et c'est de ces pages, que j'ai
très vite sues par coeur, qu'est né mon intérêt,
même ma passion pour le ciel et l'univers.
(On peut retrouver à la vente cette relique dans Goût-gueule,
et leur description ignore l'astronomie. C'est fou comme ça intéresse
peu de monde, en fait).
Ma mère m'offrit alors une petite lunette qui grossissait 50 fois,
et j'ai commencé à regarder la lune, les planètes,
même le soleil en projection où je suivais les taches solaires.
Et puis les constellations, que je connaissais alors mieux qu'aujourd'hui,
mais est-ce important à présent, à part pour éblouir
une jeune dame dans la nuit d'été, (ce qui m'a passé
à mon âge canonique) ?
A dix ans, notre prof de maths nous passa
de la réclame pour la "Société astronomique
de France". Je m'y inscrivis aussitôt et reçus le bulletin
mensuel avec les éphémérides du mois, des articles
d'astronomes, et plein de littérature captivante pour moi. S'y
trouvaient également les annonces de conférences à
Paris au Musée Océanographique de France au quartier (plus
tard chaud) de la Contrescarpe.
Mais c'était le soir à neuf heures jusque tard. Ma mère,
je m'en étonne encore, car elle me surprotégeait, et qu'elle
en soit mille fois remerciée, m'autorisa à aller régulièrement
assister à ces soirées à Paris et à rentrer
par le dernier train de minuit cinquante.
(Le train de Sartrouville jusqu'à Saint-Lazare, puis traverser
Paris en métro, et retour mais j'étais déjà
rompu à ces pratiques).
Et là, j'arrivais dans ce grand amphithéatre où les
plus grands astronomes de l'époque, comme Audouin Dollfus, André
Danjon, venaient nous expliquer leurs recherches et leurs découvertes.
Et invariablement, avant de commencer, ils disaient leur joie de voir
la mascotte présente. La mascotte, c'était moi, j'étais
le seul enfant dans cette assistance.
Souvent, des séances de pratique se déroulaient au petit
observatoire des "Sociétés savantes" à
l'Odéon. J'y allais aussi, il fallait attendre l'astronome de service
sur le trottoir qui avait les clefs et nous faisait monter les sept étages
jusque sous la coupole. Il s'y trouvait une grande lunette où malheureusement
on ne voyait pas grand chose, le ciel étant souvent couvert à
Paname.
A la maison, j'essayais de construire des petits téléscopes
équatoriaux qui ne fonctionnaient que mal car je n'avais pas assez
de sous pour m'offrir un petit moteur synchrone et je devais tourner une
petite manivelle à la main, ça faisait des vibrations.
Et puis l'adolescence m'éloigna de la pratique mais sans diminuer
mon intérêt.
Ce n'est qu'à quarante ans que je pus me payer un téléscope à monture équatoriale d'occasion. Miroir de 200mm, ce qui était déjà bien et c'est là que je vis clairement pour la première fois les anneaux de Saturne. C'était aux Baléares où le ciel était très clair. Et puis j'avais plein d'autres activités qui occasionnèrent une seconde éclipse dans mon astronomie.
A présent, bien que sans instrument
personnel (les photos des satellites étant infiniment plus détaillées
que ce qu'on peut voir dans une lunette ou même un télescope),
j'ai renoué avec la cosmologie, l'astrophysique, même l'ardue
mécanique quantique, je ne lis presque plus que ça et je
suis régulièrement les conférences sur l'Internet
de gens comme Etienne Klein, et surtout Aurélien Barreau, ce mec
génial à plus d'un titre.
Je dois dire que le plus didactique de tous ces monstres est sans équivoque
Hubert Reeves qui dans son bouquin "Patience dans l'azur" me
révéla enfin le rôle des mitochondries...
J'ai à présent une image assez claire de notre univers et
de son histoire. Ça ne me sert pas à grand chose, mais ça
me passionne de comprendre d'où viennent les atomes dont nous sommes
faits.