GÜMRÜK MÜDÜRLÜGÜ
(suite de travellers cheques)
Catastrophés sur le bas-côté, nous pouvions espérer
retourner à Istambul sur la batterie. Il fallait bien sûr
repayer le péage. Nous y parvînmes.
Nous devions trouver une solution pour nous débarasser de cette
moto qui ne nous causait que des problèmes. Nous y consacrâmes
les jours suivants.
Ça faisait déjà trois semaines que nous étions
bloqués dans cette mégalopole sympathique mais très
bruyante. Nous rencontrâmes au Pudding Shop un petit trafiquant
de voitures polonais qui était bloqué en Turquie en
attendant son jugement pour avoir passé en fraude pas moins
de cinquante-deux Mercedes.
Nous l'avions connu pour obtenir à prix d'or de fausse cartes
d'étudiants qui nous assureraient des réductions sur
les transports asiatiques. Il nous évoqua la possibilité
de laisser contre caution notre véhicule encombrant sur un
parking de douanes. Pourquoi pas ? C'était l'unique solution
qui nous convenait.
La direction des douanes en Turquie s'appelle "Gümrük
Müdürlügü".
Nous nous y rendons donc de bon matin. On nous prévient que
ça nous coûtera mille livres turques. Pas de marchandage
possible. Nous entamons tout de même le processus. Nous devons
passer par trois bureaux différents pour le début des
formalités. La suite dans trois autres bureaux aussi mais dans
un autre bâtiment situé à des kilomètres.
Puis un troisième bâtiment encore très éloigné
des deux premiers. Mais c'est fermé car il est midi. Quand
après déjeûner, nous y retournons, l'employé
prend une feuille à notre liasse grossissante et nous renvoie
au second bâtiment. Là, on nous prend le reste et retour
au troisième bâtiment...
Le bonhomme remplit une notice descriptive en six exemplaires avant
de nous inviter à poursuivre dans un quatrième bâtiment.
Quatrième étage, tampon. Troisième étage,
retampon. C'est le soir et nous devons revenir le lendemain pour la
suite. Nous avons récupéré la liasse qui comporte
désormais cinquante-deux formulaires ! Encore une étape
avant de payer la caution, aller voir le chef du parking au cinquième
étage. Il inspecte la liasse et déclare souriant que
tout est en ordre ! Malheureusement, le parking est plein. Aucune
place avant des mois... J'ai failli pleurer.
Palabres, palabres, ce n'est qu'une moto, on doit bien pouvoir trouver
une place, je n'évoque bien sûr pas le side-car.
Finalement, il accepte, mais tout de même, il manque un renseignement
sur la notice descriptive qui ne peut être rectifiée
que dans le troisième bâtiment, à Karaköy.
Quand cela s'arrêtera-t-il ?
La notice rectifiée, l'employé nous assure que tout
est parfait et que nous n'aurons plus à revenir. Vraiment ?
Oui, nous pouvons emmener la moto au parking. Mais avant, il faut
payer la caution qui heureusement a été réduite
à cinq cents livres turques. Deux bonnes nouvelles d'un coup,
ça paraît franchement incroyable.
Nous y filons, espérant que la batterie tiendra le coup, car
le parking est en dehors de la ville. Elle tient. Nous trouvons un
petit emplacement où il est bien difficile de caser la moto
avec son side-car. Papiers, tampons, papiers, tampons. Puis les gardiens
s'aperçoivent que le side-car est plein d'affaires. Evidemment,
nous n'allons pas continuer sans moto avec des pistons de rechange,
des pneus, des outils, etc... Le chef, petit cadre morgueux, nous
intime de prendre tout ça avec nous. Heureusement, un gardien
sympathique nous propose une solution, mettre tout notre fourbi dans
une petite cabane à outils. Nous lui donnons la pièce
et il est heureux avec ça. Nous aussi !
Happy end !