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LA PIERRE

(Paroles et musique : Jac PETIT-JEAN-BORET)
(Le jeudi 6 août 2020 à 15h36, à Barjac)

Nos ancêtres se sont donné un mal d'esclave pour transporter
Des pièces énormes de roches rompues par des outils de fer tordus.
Ils ont traîné mystérieusement des blocs de plus de vingt coudées
Sur des distances inattendues par des moyens qu'on n'connaît plus.

Durant des siècles, on a construit des maisons, des châteaux, des ponts,
Avec la pierre qu'on extrayait de partout sans que ça pollue.
Bien sûr on en sortait tordu, torché, velu, bossu, mouton,
Mais il y avait un savoir-faire que nous avons depuis perdu.

Les anciens faisaient des concours de murs sans ciment sans poids lourds,
Par plaisir, langueur ou amour pendant des saisons et des jours.
Le gagnant s'en moquait pas mal, il recommencerait demain
A monter ses murs serpentins, qui sont encore sur les chemins.

Maintenant qu'on a des engins, des bulls, des bennes, des camions-grues,
Tout est bien plus facile enfin, nous pourrions si nous le voulions
Déclarer la guerre au béton, et nous refaire de belles maisons
Qui durent longtemps, pas m'as-tu vu, et qui tiennent les saisons en plus.

Bien sûr chacun réapprendrait les gestes oubliés du passé
Ça donnerait de la prospérité à nos villages, à nos banlieues.
Tout le monde serait occupé à améliorer, restaurer.
Les villes en seraient sublimées, toutes les communes s'appell'raient Beaulieu.

Si l'âge d'or se pointe un jour, espérons donc cet imprévu,
Nous retrouverons les arts antiques qu'on avait pour faire les statues.
Nous entrerons dans la carrière quand le béton ne sera plus.
Nous ne craindrons pas la poussière que nos aînés avaient connue.

Nous gazerons les gazoducs et referons des aqueducs.
Nous parerons les H.L.M. en hotels privés du seizième.
Nous oublierons les bétonnières sans amertume ni compassion,
Et nous remplacerons les parpaings par la meulière et les moëllons.

Chérissons la pierre des villages, c'est sûrement le voeu le plus sage.
Avant la pierre était de taille, il yavait des limousiniers.
Mais la pierre n'est plus de taille à lutter contre les cimentiers,
Contre les pauvres lotissements et les tristes préfabriqués.

Le jeu en vaut bien la margelle.

C'est entraînant, une musique pom-pierre !