Il était un petit marin
Qui n'avait jamais navigué.
C'est à l'usine qu'il travaillait.
Ça lui rapportait trois fois rien.
Mais fixe était bien son idée.
Et c'est pour elle qu'il épargnait.
Le soir chez lui il avalait
La navigation en traités.
Après quarante ans
De dures privations,
Il put s'acheter
Non pas un voilier,
Mais une petite vedette,
Plus sûr pour les tempêtes.
Il en fut pour ses frais
En taxes à s'acquitter.
Assurance et impôts...
C'est du luxe un rafiot.
Il dut encore trimer
Afin de tout payer
Il emprunta beaucoup
Pour ce caprice fou.
Il allait voir son bien
Dans un port trop lointain.
Il montait fier à bord
Arranger le décor.
Des années passèrent
Sans qu'il quitte la terre,
Mais récompense chouette,
Arriva la retraite.
Ses collègues lui offrirent
Pour son petit navire,
Une casquette de capitaine
Pour parfaire sa dégaine.
Un jour enfin il put
Faire démarrer son bahut
Il fut aussitôt percuté
Par un immense pétrolier.
La pauvre vedette coula
Et également l'emporta
Sans remède au milieu du port
De profundis, coquin de sort.
Il était un petit marin
Qui n'avait jamais navigué.
Ohé, ohé !
No comment.