La question qui tue : Ça va ?
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Régrès
Hégémonie
Princesse, sinon rien
Estranger
J'autruche
Jogging
A ta guise
Sous les cèdres
Obscurantisme
J'accuse
Beach-party
Nuisibles
Je n'aime plus la ville
Diabolique carotte
Individualiste humaniste
Gilets oranges
Quad erat molestandum
Le regard du condamné
La goutte d'eau
Réseaux sociaux
Orbituri te salutant
Anormalité
Presqu'île
Foule gourre
Fête de la futilité
Pas vraiment au poil
Etrangers
SOIF !
Nu au milieu des jets d'eau
Diplôme
La colo
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Téléchargez !
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La loi
Black et Mortifer
Poulquoi ?
Reptilien
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Con-som-mateur
Santons
Sucre candide
Sans famille
Vite à la plage
Banni à vie
La faute des zautres
Les gros billets
Le thermomètre
Campagne
Tatoo
Souriez !
Prolo
Expédients
Ne comptez pas sur moi
Impatience
La minorité
Le que-long
Les Canadair
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Trop propre
Bosse de l'eau
Le non-dit
Sécurité
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Buvons !
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Arthur
Lotobomie
Le message
Naturiste
Encâblé ou inondé ?
Le revers de la médaille
L'hélicoptère
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Marcrons
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La maladie du siècle
Un jour
Le pardon
Désolation
Le jeu
Valeurs en hausse
En fer, mais
La pierre
Bizutage
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La normalité
Cages
La diff'
L'onde
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Coquelicots
Ma voisine
Ne zappez pas !
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Le roi des sots
P'tite tête
Les mots
Voyageur immobile
Des vacances
Mes vanités
Généraliste
Arrêtons-nous
Pisse-froid
Monsieur Linky
Francophonie
Fuyons en avant
Idées saugrenues
Plus le temps
Canicula
Passéiste
Leurs yeux
Futur au logis
E et T
A riblonner
Témoins de vie
Ralbol
Lorsque le rouge est mis
Drogue, drague, fog
Ab-surdité
Ça n'm'intéresse guère
Figure
La grande distribution
Mon petit doigt m'a dit
Hors champ
Tubar-tabac
Alpha ou Lambda
La route du plastique
Les bons mots
Les gens qui marchent
Le bon temps
Allo, docteur
Méchants marchands
Tout doit disparaître
La presse
Chef
Quand on pense
Les mots anodins
Le pain sur la planche
Soixante-huitard
Des lunettes pour le coeur
Chacun pour sa pomme
Le trou de balle du monde
Sous les drapeaux
Dernières excuses
Silence
Rebelle tranquille
La pierre
Les yeux fermés
Quenelles ordinaires
Le premier bizuth que j'ai connu,
C'était moi timide et ingénu.
Venant d'un école mixte et privée
Je rentrais en sixième au lycée.
C'était lors mon jour de la rentrée
Rue d'Amsterdam au P'tit Condorcet.
Que des garçons, et plus d'un millier.
Le surgé forma d'abord les classes
En rang par deux, sous le grand préau,
L'ordre alphabétique étant le credo.
Mais pour moi c'était un peu l'angoisse.
Quand on m'appela, je vins me ranger.
Mon voisin dans le rang qui triplait
Etait un pervers surexcité.
Il m'a regardé sournoisement de côté.
Poliment des yeux, je l'ai salué.
Il a commencé par me traiter
De "petite machine à enculer
Les pétards" et il m'a demandé
Si je savais ce que ça signifiait.
D'un rire malsain, il a pétillé,
Et moi j'étais très interloqué.
Dans les salles de classe, je me suis éloigné
De ce triste sire qui m'indisposait.
Mais à la récré il m'a repèré
Et il m'a illico accosté.
Il m'a donné l'ordre, j'ai dû le porter
A travers la cour comme un cavalier,
Puis il a cherché un autre opprimé.
Auparavant, il m'a intimé
De revenir là pour me torturer,
Cinq minutes avant de retourner
En salle de classe après la récré,
Et moi comme un con j'ai éxécuté,
Je l'ai attendu, bien discipliné,
Impressionné par son autorité.
Je ne connaissais pas le mot bizuter.
Il m'a passé les bras écartés
Derrière la balustrade en fer forgé.
Dans le sternum, il m'a enfoncé
Ses poings repliés et les a tournés.
C'était douloureux mais j'ai enduré.
Puis j'ai dû encore le transporter
Sur mes épaules comme un prisonnier.
Il m'a fallu trois jours pour me révolter,
Ne plus accepter d'être torturé.
Cette navrante coutume a p'têt quelque intérêt
Pour nous apprendre à nous rebeller.
Mais il ne faut pas exagérer :
Les pauvres filles qui devaient traverser
Paris en pleine nuit déshabillées
Ont dû être salement traumatisées.
Absolument
véridique jusqu'aux détails même.
Je cafte après plus de soixante ans,
Il s'appelait Pierre Rabès. Je n'ai pas précisé dans
la chanson
que je devais l'appeler "Maître". Quel enfoiré
!
Je rajoute que c'était aussi mon premier jour de cantine
et difficile et gâté comme je l'étais pour la nourriture,
j'étais très anxieux de me retrouver devant des plats inconnus.
Mon voisin de table Djouder, autre bizuthage plus léger,
me fit croire que comme dessert, nous aurions du "Sandra".
Lui demandant ce que c'était, il me répondit très
sérieux :
"Ben, c'est du sang de rat, avec les poumons". Je le crus, bien
sûr,
et je fus largement soulagé de voir apparaître des crèmes
au chocolat.