Phil regarda Sophie assez profondément.
Il sourit tendrement tout en lui déclarant :
"Il nous manque un futur qui serait verdoyant,
Comme ce pin touffu qui nous fait bel auvent".
Calée contre le tronc par son précieux amant,
Sophie avait envie à la place d'un serment.
Plutôt un serrement qui serait plus pressant,
A terre ou contre l'arbre, à Phil s'abandonnant.
Mais vite Phil l'écarta et frénétique fouilla
Dans ses poches profondes mais ne le trouva pas :
Son couteau aiguisé ne le quittant jamais.
Alors D'un caillou effilé, il se fit un stylet.
Et sur l'écorce tendre, soyeuse, ocre foncé,
Il grava ces deux lettres, serrées, entrelacées :
Pour Phil d'abord un P, S sa Sophie aimée.
C'est ma sincérité pour la postérité".
Mais quelques jours plus tard, vacances terminées,
Ils repartirent chacun, ils durent se séparer
Vers leurs vies respectives sans aucun intérêt,
Non sans auparavant jurer fidélité.
Mais la vie... Mais la vie, est faite de tourments...
Ils se perdirent de vue pendant plus de trente ans.
C'est alors que Sophie revint en voyageant.
Elle retrouva le pin, souvenir émouvant.
Elle rajouta trois mots, amère mais en souriant,
Puis repartit bien vite, le coeur nostalgisant.
Deux ou trois ans plus tard, Phil dans le coin passant,
Alla aussi revoir le pin de ses vingt ans.
On pouvait lire alors :
PS I LOVED YOU.
You ou you ou you.
PS : Post-scriptum ou Phil-Sophie, sans prendre parti.
Le youyou final fait référence à une des premières
chansons
des Beatles : "P.S. I love you".