Olympe, Olympe,
Olympe de sa hauteur illumine le monde.
Elle est une déesse-statue de la liberté.
Pour les droits des noirs et des femmes, elle s'est battue.
Et de ce fait, elle règne sur nos destins.
Pas assez, mais elle a osé les prendre en main.
Et à présent, quoi ? Elle est bien oubliée...
Olympe, Olympe,
Elle a semé la graine de notre féminisme.
Personne n'oserait la traiter de sufragette.
Contre tous, elle s'est levée contre le machisme.
Et de plus, elle s'est penchée sur la vie des esclaves,
En les défendant sous sa houlette.
Et à présent, quoi ? Elle est presque ignorée...
Olympe, Olympe,
Traitée de gourgandine parce qu'elle était libertine,
Elle écrivit des pamphlets et des pièces pas anodines.
Philosophe et abolitioniste émancipée,
Propageant les idées de liberté.
C'est d'ailleurs notre Olympe qui seule, a rédigé
La belle déclaration des droits de la femme.
Et on lui a coupé la pomme,
Car récompense de la révolution,
Guillotinée, gloire à son nom.
Et à présent, quoi ? Elle est bien enterrée.
Olympe, Olympe,
Je trouve très déplacé d'illustrer
La révolution sur les tableaux des musées
Avec des femmes portant flanc beau,
Portant drapeau,
Car en fait, elles n'étaient bonnes qu'à cantiner
A soigner, à faire les corvées, à lessiver
La salle du jeu de paume.
Et à présent, quoi ? Je veux la célébrer.
Olympe, Olympe...
On l'oubliera encore, comme tous les autres morts.
Et à présent, quoi ? Laissons-la reposer
Sans autant l'oublier.
Olympe, Olympe...
Olympe
de Gouges : 1748-1793