Ecouter
Sur ma théière depuis naguère
J'ai sur la gauche un épi-tête.
Si ma théière a bien changé
Au cours des années,
Mon épi n'a pas évolué.
Ressort rebelle à tout plaqué,
Je le retrouve à mon lever
Tous les matins bien érigé.
Je ne vois que lui dans ma psyché.
Mon épi-tête est bien resté
Planté toujours du même côté.
Je suis forcé de le peigner
Pour qu'il se calme la journée.
Oui mais chaque nuit, il se réveille
Sans troubler mon profond sommeil.
Je ne le sens pas se redresser.
Aidé en ça par l'oreiller dénaturé.
Il ressemble à un adjectif
Qui se laisserait pousser les tifs.
Il est bien qualificatif
D'un entêtement qualitatif.
Libre-tenseur épitêtu,
Affreusement même pas pointu,
Car en effet, il est diffus
Irrémédiablement touffu.
Même les coiffeurs diminutifs
Ne peuvent rien contre ce rétif.
Certains m'ont même conseillé
Pour le mâter, de le scotcher, m'enrubanner.
Par cette marque de volonté
Il prétend sûrement me narguer,
Vrai bec verseur sur ma bouilloire,
Mais ce n'est pas rédhibitoire.
Si je coupais cet adjectif,
L'effet serait plus abjectif.
Je le trouve trop chevelu.
Mon épi-tête est superflu.
C'est
la chanson qui dit ça.
C'est vrai mais je n'en ai rien à peigner, en fait.