Ecouter
Dans la party qui commençait à s'échauffer,
Je n'avais d'yeux et de tension que pour cette belle.
Bien repérée dès le début de la soirée.
C'était la seule qui paraissait très naturelle.
Elle avait l'air tellement gentille et si sincère.
Toutes les autres, évaporées, étaient maquées
Ou délurées, dégénérées, d'autres
austères.
C'était la seule en mesure de m'intéresser.
Mais timide comme je l'étais,
Je n'osais l'aborder.
Coincé, je temporisais, stupide, oui j'attendais
Le bon moment qui ne viendrait jamais.
Inattendu, je vis rentrer cet ex-ami,
Que je traitais dorénavant avec mépris,
Car il m'avait plus d'une fois durement trahi.
Cette intrusion vite m'inspira un vif dépit.
Aussi affamé qu'un requin blanc perdu dans l'Yonne,
Venant traquer dans cette fiesta les belles mignonnes.
Il se rua vite sur ma belle et l'emballa.
Désespéré, je m'échauffai et je criai :
Requin ! Requin !
Requin, requin, requin, requin, requin, requin !
Tu n'en as fait qu'une bouchée,
Tu ne sais même pas savourer.
Tu n'es qu'un requin avide.
Un tueur hyménocide.
Requin, requin, tu n'es qu'un vil requin.
Alors la belle, effarouchée, me regarda
Pour la première fois et me toisa comme un paria.
Je détalai désenchanté, éliminé et
laminé.
Sur le chemin, je ressassais et je criais :
Requin ! Requin !
Requin, requin, requin, requin, requin, requin !
Requin ! Requin !
Requin, requin, requin, requin, requin, requin !
Purement
fictif, mais tellement plausible
lorsque j'étais blaireau.