Depuis qu'il écrit ses chansons
A pleines longueurs de saisons,
Ses plus anodines conversations
Avec la sainte population
Sont truffées de rimes,
D'ailleurs pas pour la frime.
C'est sûr, il est ailleurs,
Détraqué rimailleur.
Il était comme Monsieur Jourdain,
Mais reniant soudain sa prose,
Il s'exprime donc en alexandrins,
Rimant ses gloses avec les choses.
Dodécasyllabes,
Parfois des pentamètres,
Les gens ne veulent plus de rab
Et l'envoyent se faire mettre.
Ils ne peuvent l'éviter
Et il les fait bien chier.
Alors on lui crie : "Rime ailleurs !
Tu n'es qu'un pauvre aboyeur."
Au patron de la crèmerie,
Il demande de la vache qui rit.
Au comptoir chez le boucher,
Il veut un beefsteack de flanchet.
A la vendeuse de boulangerie,
Désire une tranche de pain de mie.
Au marché à la fromagerie,
Il veut une demi-part de brie.
Alors on lui crie : "Rime ailleurs !
Tu n'es qu'un pauvre agaçeur."
Chez la marchande de fruits,
Il souhaite des figues de barbarie.
A l'étal de la poissonnerie,
Il demande un brin de persil.
A la caisse du supermarché,
Il veut un double du ticket.
A l'employé de trésorerie,
Il exige qu'on lui fasse crédit.
Alors on lui crie : "Ferre ailleurs !
Tu n'es qu'un pauvre rimailleur."
Outre la débilité de la chanson, de la musique
trop expérimentale, il s'en faut de peu que ce ne soit moi.