A la foire aux cancres,
J'étais pas premier,
Pas non plus dernier,
Juste dans la moyenne,
J'ai même redoublé
Pour pas jeter l'ancre.
Mais j'étais un cancre
Un sale cancre las,
Un peu fier de moi.
Même pas bravache,
J'étais une tache,
Une bête tache d'encre.
J'ai collé des lentilles
Sur les lunettes de la prof,
Pour qu'elle nous zyeute moins,
C'est dans mon bestof.
Y'a pas de témoins,
J'étais une anguille.
J'avais installé
Une micro caméra
Cachée sous son bureau
Et nous regardions
Sur un moniteur.
On voyait son jupon.
J'avais peint sa chaise
A l'huile, couleur bois.
Elle s'y était assise,
Relevée en émoi.
Sa jupe de taffetas
Etait mal à l'aise.
Je lui écrivais
Des insanités
Sur le tableau noir
Qu'elle voulait effacer.
Elle rougissait.
Plus tard elle blanchirait.
Car j'avais attaché
Le chiffon plein de craie
A un long fil de pêche
Que je manoeuvrais
Elle ne pouvait l'attraper
Et la poussière neigeait.
Vous voyez quel cancre
En tant qu'ado j'étais,
Et quant à cette encre
Que je scribouillais,
Déjà comme un chancre.
Je n'ai pas changé.
Si vous le croyez,
Vous avez mérité
D'être nommé crédule,
Car tout ça n'est pas vrai.
A la foire aux cancres
J'étais trop coincé,
Pas déluré.
Toutes
ces misères ne sont pas inventées,
mais pas de mon fait, mais bien de celui des autres.
Mais ça ne me déplaisait pas et ça me faisait rire.