Ce soir,
Dans mon bateau-lavoir,
J'ai cassé les miroirs.
Dans le blanc défouloir,
A l'aide de mes battoirs,
J'affute mes grattoirs,
Je pressens mon boutoir.
Je redoute le foutoir.
J'ai peur du dépotoir.
Est-ce dur à concevoir ?
Ce soir,
En mon tiède boudoir,
Moulé par mon peignoir,
Sous mes mille bougeoirs,
Et mon suave encensoir
Entre mes accoudoirs,
Sur mon velours bleu-noir,
Je peux vous dire bonsoir,
Mon superbe allumoir,
Vous êtes belle à voir.
J'espère vous émouvoir.
Ne pas vous décevoir.
Ce soir, dans ma cité dortoir,
Poussé par le devoir,
Ne pouvant plus surseoir,
Je quitte mon mouroir,
Par le dernier couloir,
Je vais à l'abattoir,
Dans le grand entonnoir,
Les crocs de ses hachoirs
Vont bien me recevoir.
Ce soir,
Gardez donc vos mouchoirs,
Je vais pouvoir avoir
L'ultime désespoir
Avant le croupissoir.
Oir, Zazate !