Ecouter
Mon sac, une bouteille d'eau,
Mon vélo et mon chapeau.
Là où finit le chemin,
J'attache mon spad contre un rondin.
Jusqu'à Trocadors en marchant,
Espalmador est droit devant.
Mais un bras de mer m'en sépare.
Il faut nager, le fond est rare.
Dangereux, car des courants
Peuvent me noyer en m'emportant.
J'atteins mon but, émerveillé :
Espalmador est sous mes pieds.
Je me retourne, Formentera
Comme jamais je ne la vois.
Je me lance dans mon périple
Dans ce désert, le choix est multiple.
Mais je ne varie pas
En arpentant mon île de choix.
Espalmador, toi, mon enfer,
S'il n'y a pas une brise de mer.
Inhabitée, je te vénère.
Te parcourant, nu comme un ver.
D'abord la plage d'argent
Bien à l'abri du vent.
Je peux aller brasser
En toute tranquillité.
Je passe l'unique propriété
Où une chapelle est érigée,
Me dirigeant vers mes rochers
Dans la falaise déchiquetée.
J'ai des recoins, même sous l'eau,
Que je sillonne, toujours nouveaux.
Je franchis le pont sous-marin,
Assez profond mais j'y parviens.
Sautant dans l'eau, dix mètres de haut
D'un grand rocher tout basculé.
C'est un exploit car j'ai les foies,
Mais c'est avant tout une joie.
Espalmador, mon purgatoire,
Pour y expier mes pensées noires.
Ma terre promise, mon exutoire,
Toujours encline à m'émouvoir.
Péniblement, car ça canarde,
Jusqu'à la vieille tour de garde.
J'escalade les pierres usées
Pour me hisser jusqu'au sommet.
De là, j'admire tout Ibiza,
Et même presque cachée, Vedra !
Les rafiots navettent en bas.
Pour desservir Formentera.
Poussant jusqu'à la pointe nord
Qui se prénomme "île des porcs".
Entre sabines, génévriers,
Je traverse toutes les contrées.
Espalmador, mon paradis,
Quand je t'évoque, mon coeur faiblit.
On te grignote, c'est bien fini.
Comme partout, l'enfer grandit.