Ecouter
Si l'envie me chatouille
D'observer les grenouilles,
Je vais jusqu'à la gouille,
Et là sous la gargouille,
Elles sautent, elles ont la trouille,
Se planquent sous la gadouille.
Et moi je m'agenouille.
J'attends qu'elles repatrouillent
En se séchant la mouille.
Leur vacarme est si fort,
Que je quitte leur décor.
Je vais voir les castors
Qui sur la rive dévorent
Les troncs des sycomores
Qui voient scellé leur sort,
Et choieront sans effort
Dans leur arrêt de mort.
Sous un vol de choucas,
Gent ailée qui jacasse,
Escadrille de rapaces,
Je ferai la grimace,
Préférant les bécasses.
Aucune dans ma besace.
C'est pourquoi je ramasse
De l'herbe assez fadasse
Pleine de noires limaces.
Sous la salsepareille,
Dans les fleurs de groseille,
Butinent mes abeilles.
Je les vois de la treille.
Mon intérêt s'éveille
De la pure merveille
Que donnera leur miel,
Pour glaner quelque oseille.
Les cheveux en bataille,
Comme une vile racaille,
Vivant sans vrai travail,
Orteils en évantail,
Bien loin de la grisaille,
Evitant la flicaille,
Broutant de la broussaille,
Horrible boustifaille,
Qui donne la mouscaille.
J'aime mieux voir les grenouilles.