Ecouter
Dans un village où j'ai naguère vécu,
Où pire que la droite est palpable dans la rue,
J'habitais sur la grand place.
J'avais comme voisins d'en face
Des marocains à la retraite,
Un fort gentil couple poli, honnête,
Qu'on avait parqués là par défaut
Dans un minable petit studio.
Ils étaient cassés par leur labeur
A l'usine locale, une horreur !
Ils m'aimaient bien car je leur parlais.
Ce n'était pas coutume dans le quartier.
Dans ce village d'où heureusement j'ai pu
Partir sans regrets vers un autre bahut,
Par la fenêtre, sur la grand place,
Je voyais mes voisins d'en face,
Mes tranquilles amis marocains.
Chaque jour, des cousins s'asseyaient,
Installés côte-à-côte, ils badaient.
Sans même entre eux jamais se parler,
Peut-être absorbés par les regrets
Du bled qu'ils ne reverraient jamais.
Ou bien pour eux, rien ne méritait
De déranger leur sérénité.
Dans ce village comme tant d'autres méconnus,
Où il ne ne passe jamais rien d'imprévu,
Mes voisins marocains d'en face
Restaient bien tranquilles en place,
Buvant leur thé d'un air bonasse,
Ils sont sans doute les plus
Ils regardaient tous les gens qui passent,
Les façades des maisons de la place.
Et si par hasard je m'approchais d'une fenêtre juste un court instant,
Ils me repéraient et agitaient leurs mains
En chouettes salams pleins d'entrain.
Ainsi étaient mes voisins marocains.