Ecouter
Descendant à midi vers le Gourédon,
Maigre ruisseau qui serpente tout au fond.
Le traversant, pour aller remonter
Vers le Paty, mon lac, au coeur de juillet.
Evitant la route par dessus le tunnel,
Au bois de Hugues, pieds nus dans la sèche garrigue,
Les pousses de chênes verts blessent mes orteils.
Freinant ma marche et redoublent ma fatigue.
Poussant vers l'est par intuition,
J'arrive dans la plantation
D'abricotiers les plus fameux.
Offrant d'énormes fruits juteux.
Seules les cigales m'accompagent,
Unique humain dans la campagne.
C'est l'heure des plaisirs de la table.
Pour moi, d'abricots délectables.
Là sur la terre beige et toute craquelée,
Une vingtaine de fruits mûrs y sont tombés,
N'attendant plus que moi pour les ramasser.
Vous pouvez croire que je ne me fais pas prier.
Je les collecte dans mon fidèle grand panier,
Et je vais aux Escoupinotes les déguster.
Tout chauds comme s'ils sortaient d'un bon four solaire,
L'ombre des pins du cabanon me réfrigère.
Ce havre, pour moi robinson,
Me comble jusqu'à pâmoison.
La bedaine un peu saturée,
Il est temps d'aller me baigner.
Eh bien, ça c'était avant, dans
les années 90, au Barroux (84).
Car maintenant, les Escoupinotes, ce cabanon inoccupé
est devenu les Coupinotes et est clos et privé.
Quand aux fabuleux abricotiers, ils sont morts, délaissés.
Le Barroux était alors un des meilleurs producteurs d'abricots
comme jamais on en trouve dans les supermarchés.