Ecouter
Petite Araignée
A bien regardé,
Sa toile est usée.
Elle n'a rien chopé.
Partout elle a inspecté dans l'espoir de trouver
Une proie oubliée,
Une patte à sucer.
Elle en a conclu qu'il fallait vite abandonner
Son logis âgé
Pour déménager.
Elle se mit alors en quête d'un nouveau quartier
Pour retapisser
Une toile à manger.
Elle connaît son métier,
Métier a tisser,
Ensuite somnoler,
Mais toujours aux aguets.
Elle a mis du sien pour se parer d'un nouveau voile,
Pour y attirer
Monsieur Araignée,
Et tous les moucherons qui daigneront se faire piéger
Enfin remédier
A son jeûne prolongé.
Elle a de la ressource pour rester longtemps sans bouffer.
Mais en vérité,
Faut pas exagérer.
L'été a passé.
Une mauvaise année.
Rien à consommer,
Mais elle a résisté.
Et pourtant cette diète fut bien dure à avaler.
Mais l'automne arrivé,
Tout s'est arrangé.
Car toutes les punaises sont venues afin d'hiverner.
Des mêts répugnants,
Faut pas être exigeant.
Reprenant du poil de la bête à sucer le puant,
Briser des carapaces,
Sévèrement coriaces.
Je l'ai observée.
Elle s'est étoffée,
Et sa toile aussi
Pleine de débris.
Elle a en quelques heures bâti une toile soignée,
Au cas où viendrait
Monsieur Araignée,
Qui ne s'est à ma connaissance jamais manifesté.
Pourtant la concurrence
Frise la démence.
Je trouve qu'il y a trop de toiles qui forment un gris voile
Sur mes murs et plafonds,
Il faut une action.
Je vais décimer,
Je vais aspirer.
Enlever les toiles vieilles,
Mais pas les nouvelles.
Et sûr, je vais faire attention de ne pas choper
Petite Araignée,
Qui peut digérer
Les punaises détestées.
L'héroïne est une pholque.