Ecouter
Quand l'été est ardent,
Je vis au milieu d'eau en jets.
Tout autour dans les champs,
L'eau se met à gicler.
Des tonnes alors s'élèvent.
On se croirait à Genève.
Bien qu'ils soient très fougueux,
Ils n'arrosent qu'autour d'eux.
Nu, au milieu des jets d'eau
Que je vois du balcon.
Mais les gouttes trop éloignées
Ne m'atteignent jamais,
Fatalement je conçois
Que ces geysers ne sont pas pour moi.
Cette pluie artificielle
Faite de gouttes essentielles
Est puisée dans les rivières,
Pompée dans la nappe sous terre.
Evidemment, je comprends
Très bien que tous les paysans
Veillent consciencieusement
Sur leurs sources d'argent.
Mais ça fait partie de la grave maladie
De notre civilisation
Qui dévoye pour de bon
Les nombreux cycles de la vie.
Nu, au milieu des jets d'eau
Mais sec sur mon balcon,
Je pense aux rivières asséchées,
Aux nappes phréatiques épuisées.
Fatalement je déplore
Que cette eau vale plus que de l'or.
Mesure à cinq temps.
Petit hommage final à Debussy :
car j'ose penser que sa première arabesque trouve ici
un terrain mouillé favorable.