On les disait faits de cire.
C'étaient des soixante-dix huits tours
Qui grinçaient sous l'aiguille
D'un bras assurément lourd.
Les premiers n'étaient gravés
Que d'un unique côté.
Ils étaient très encombrants
Dans leurs monstrueux empilements.
Ils remplaçaient les cylindres
Qui ne manquaient pas de geindre,
Qui n'étaient bons qu'en discours,
Mais qui étaient seuls en ces jours.
J'ai encore un fourniment
De disques inutiles à présent,
Car je n'ai pas de gramophone
Pour faire en sorte qu'ils fredonnent.
Ils me venaient de mon grand-père :
Beaucoup d'opérettes légères.
Pour ouir une oeuvre intégrale,
Il fallait un temps infernal.
On devait sans cesse les tourner
Et bien sûr aussi les changer.
Les faces duraient quatre, cinq minutes.
C'est une routine qui rebute.
Puis vinrent les quarante-cinq tours,
Les trente-trois et quelques seize tours.
C'était l'avènement du vinyle,
La cire devenue un fossile.
C'était bien avant les CDs
Rudimentaires mais appréciés,
Et les manants du moyen-âge
N'avaient pas eu cet avantage.
Dorénavant point n'est besoin
D'avoir ces galettes dans un coin.
Il suffit d'écouter en ligne
Même ces antiquités qui trépignent.
Rare privilège des vieillards que raconter le passé....